NOEL
 
Ligures, Germains et Romains fêtaient déjà, fin décembre, le "solstice d'hiver". C'était la fête païenne du "Soleil invaincu" qui renaît, fête de la lumière avec l'espoir du renouveau de la nature.
L'Eglise décida de remplacer la fête du soleil par celle de l'Enfant Nouveau et de la marquer par de grandes réjouissances.
C'est ainsi que sacré et profane se côtoient tout au long de cette célébration.
 
 
LE BLE DE SAINTE BARBE
 
Tradition très ancienne, héritée de l'Antiquité, le 4 décembre, jour de la Ste Barbe, on sème dans une soucoupe sur du coton humide du blé ou toute autre graine à croissance rapide (lentilles, etc...). Rite destiné à stimuler le renouveau de la végétation, promesse de récoltes abondantes... (si le blé est dru et vert pour Noël présage de richesse et bonheur, s'il est jaune mauvais présage).
 
 
LE LOTO
 
Pendant les fêtes de Noël et au mois de janvier les lotos sont autorisés. Ce jeu très ancien est lié au fêtes calendales et au passage à la nouvelle année. Gagner au loto était présage de bonne et heureuse année. Autrefois les lots (des animaux vivants, cochons, moutons, oies, gibier d'eau...) étaient exposés dans des parcs ou sur les terrasses des cafés.
 
 
LE PASTRAGE
 
Cérémonie durant la messe de minuit au cours de laquelle chacun apportait ses offrandes : fruits de la terre ou de la mer (suivant le lieu) accompagnant l'agneau apporté en cortège par les bergers au son de la musique.
 
 
PRESENTS ET AUMONES
 
La veille de Noël, parents et amis se faisaient des cadeaux mutuels en nature (gâteaux, fruits, etc) et on distribuait du pain aux pauvres.
C'était un temps de réconciliation générale.
 
 
LA CRECHE
 
La première crèche fut créer en 1223 par St François d'Assises à Greccio, petit village des Abruzzes en Italie.
Les crèches sont apparues d'abord dans les églises, comme représentation de la Nativité, mais aussi de scènes de la vie de Jésus auxquelles se mêlèrent ensuite des personnages de la vie du siècle.
Les figurines étaient en cire ou en bois.
Dans les maisons, les premières crèches familiales apparurent au début du XVIIIème siècle. C'étaient des boîtes vitrées contenant des personnages :
- en verre filé (spécialité de Nevers)
- en mie de pain vernie (spécialité marseillaise)
- en carton pâte
etc...
Vers la fin du XVIIIème siècle, sont créés les premiers santons d'argile, fabriqués à l'aide de moules de plâtre.
En 1803 s'ouvre a Marseille la première foire aux Santons.
Les crèches sont un rite mi-profane mi-religieux où se côtoient la scène de la Nativité et des personnages populaires de la fin du XVIIIe. De nos jours encore les santonniers ajoutent au fil des ans des personnages familiers,
La crèche se fait le 24 décembre et doit rester exposée jusqu'à la Chandeleur.
 
 
LES SANTONS
 
Les Italiens colportaient dans les rues des figurines de Saints en criant "Santi Belli! Santi Belli!"... Ainsi étaient nés les premiers santons. Ils sont fabriqués avec de l'argile, qui, pour être la plus pure et la plus fine possible, doit séjourner dans des bassins de décantage.
Il faut ensuite modeler à la main la figurine que l'on désire réaliser, on en sculpte les différentes parties ainsi que les expressions à l'aide d'ébauchoirs de bois de diverses tailles.
Le modèle créé, on en fait un moule de plâtre blanc, en deux parties. Ce moule servira à reproduire le santon en une multitude d'exemplaires. Pour la reproduction, on remplit les deux parties du moule d'argile, puis on les maintient serrées jusqu'à ce que l'argile se soit soudée. Après séchage, on sort le santon du moule et on racle les bavures avec l'ébauchoir. Il est prêt à être cuit.
Les figurines reproduites sont ensuite peintes.
 
 
LES CRECHES PARLANTES
 
Pendant toute la période où s'exposait la crèche, une coutume voulait que l'on se réunisse le soir, devant elle, pour chanter des Noëls. D'où entre autre, le succès que connurent ces chants.
Ces Noëls avec leur verve et leurs dialogues, allaient éveiller chez certains l'envie de donner vie à la crèche. Et ce fut la création de petits théâtres, aux décors parfois somptueux avec bruitages, éclairages, dialogues, où se déplaçaient sur plusieurs plans inclinés des marionnettes (mues par des mécaniques cachées dans leur corps).
Il se jouait ainsi de multiples saynètes de chasse, de pêche, etc... (certaines ayant un caractère provençal plus marqué que d'autres) où les anachronismes de temps et de lieu se côtoyaient sans vergogne.
La première crèche parlante apparut à Marseille vers la fin du XVIIIe siècle.
Elles connaissent un grand succès et se développent pendant tout le XIXème dans toute la région.
 
LES PASTORALES
 
Héritières des drames liturgiques, des offrandes, des chants de Noël, des crèches parlantes, des crèches et de leurs santons, les pastorales vont passer de l'Eglise (où la première fut jouée à Marseille vers 1750) à la scène de théâtre. Très appréciées, elles vont se développer. Il en existe de nombreuses dont le thème général est toujours le même, la Nativité, qui est prétexte à mettre en scène des personnages et des événements profanes.
Au XIXème siècle, Antoine Maurel, ouvrier miroitier doreur, membre du Cercle Catholique de la rue Nau à Marseille, crée sous l'influence de l'Abbé Julien celle qui deviendra la plus célèbre : La Pastorale Maurel.
De nos jours, de la fin décembre à le fin janvier, on peut assister aussi bien à Marseille que dans de nombreux villages de la région, à de nombreuses représentations de pastorales jouées par les gens des villages.
 
 
LOU CACHO FUE
 
Avec la Noël, commence la célébration du feu qui se poursuivra pendant les fêtes de Carnaval.
Le cacho fue est un rite symbole de la résurrection du feu.
Le soir de Noël, la famille est réunie au grand complet, le plus jeune et le plus âgé déposent dans l'âtre une bûche d'arbre fruitier ou d'olivier. Le chef de famille la bénit en l'arrosant par trois fois de vin cuit tout en prononçant une formule qui varie suivant le lieu.
 
Alègre, alègre
Diéu nous alègre
Eme Calèndo tout vèn bèn!
Diéu nous fague la gràci de veire l'an que vèn
E s'un autre an sian pas mai que noun fuguen pas mens!
Bouto fue! Cacho fue!
 
La bûche devait durer jusqu'au jour de l'Epiphanie et ses cendres étaient réputées protéger contre les maladies (mêlées aux remèdes), contre les incendies (répandues sous les lits et les meubles).
Calèndo ainsi nommé parce que les Calendes de janvier étaient une fête païenne qui fut adoptée par les Chrétiens et confondue avec celle de la Nativité.
 
LE GROS SOUPER
 
Le soir de Noël, toute la famille se retrouvait autour de la table pour le "Gros souper".
La table était recouverte de trois nappes et éclairées de trois chandelles (symbole de la Sainte Trinité). On y trouvait le Pain Calendal, entouré de douze petits pains (Jésus Christ et ses douze apôtres). Ce pain était décoré de branches de myrte ou de petit houx (vertboisset). La première part était donnée aux pauvres.
La table était mise sans oublier l'assiette réservée au premier pauvre qui passerait.
Dans certaines grandes villes, ce repas était suivi, au retour de la messe, par le Ressoupet.
Les mets variaient quelque peu suivant les lieux, mais leur abondance répondait à l'idée qu'ils étaient présages de richesse pour l'avenir.
On y trouvait :
- différents poissons grillés, des "raïto"(espèce de capilotade) de morue ou d'anguilles, l'anchoiade, les escargots
- des légumes : artichauts crûs, cardes en sauce blanche, céleri et autres légumes du jardin
- du gibier chez les plus riches, mais rarement car la coutume voulait que ce soit un repas maigre
- le tout arrosé de différents vins
- les treize desserts arrosés de vin cuit et de ratafia.
 
 
LES TREIZE DESSERTS
 
Ils variaient suivant les lieux et la production.
Se côtoyaient la pompe à l'huile d'olive, les nougats, les sucreries (confitures, pâtes de Coing), les fruits frais (pommes, poires, raisins, melons, oranges), les fruits secs (Pachi-choi ou quatre mendiants : figues, noix, amandes, raisins secs).
Dans la région de Marseille on mange les figues sèches fourrées avec les noix.
 
LES ROIS
 
Le rite du Gâteau des Rois serait une survivance des Saturnales Païennes qui se célébraient en janvier.
Jadis, le règne de Saturne représentait l'âge d'Or. Durant les Saturnales, maîtres et esclaves, riches et pauvres vivaient à égalité sous la férule d'un roi temporaire désigné par le sort. Les rôles étaient inversés : le maître devenait esclave et l'esclave devenait le maître...
 
Au fil des siècles ces usages évoluent, on les retrouve au XVIIème siècle sous la forme de la Royauté de la Fève. Celui qui trouve la fève devient roi et doit choisir une reine. Il doit ensuite convier à sa table les personnes présentes pour le premier dimanche suivant le Jour des Rois. Lors du festin, on doit crier "le roi boit" et boire soi-même chaque fois qu'il boit! Si quelqu'un oublie de le faire, les jeunes lui dessinent de longues moustaches et une barbe au bouchon noirci.
 
Rituel du Gâteau des Rois à Marseille au XVIIème siècle :
Le gâteau des Rois dans lequel a été cachée une fève est apporté par le plus jeune. Il est coupé et les parts sont mélangées afin que ce soit réellement le sort qui décide. Ensuite, sans regarder, l'enfant prend les parts au hasard et les distribue selon la hiérarchie familiale sans oublier le personnel de service.
La première est toujours la part du pauvre et la seconde celle du chef de famille. Celui qui trouve la fève devient le Roi du Festin.
Le Gâteau des Rois était désigné du nom de REIAUME.
 
De nos jours il reste quelques traces de ce rituel, c'est toujours le plus jeune qui désigne ceux à qui doivent être distribuées les parts, de même que celui qui trouve la fève doit inviter les autres à partager le gâteau des Roi dans les jours qui suivent...